“Anaïs, 2 chapitres” de Marion Gervais est une œuvre sensible qui raconte le parcours d’Anaïs, une jeune femme audacieuse, déterminée à réussir dans l’agriculture et l’herboristerie. Ce diptyque, récompensé par le Grand Prix CINEMA for CHANGE, offre un récit intime et émouvant, divisé en deux étapes de la vie d’Anaïs : ses débuts dans l’agriculture et son combat pour l’amour, face aux défis de la société et de l’administration. La critique et l’avis de Bulles de Culture
Synopsis :
Anaïs, 24 ans, s’installe comme agricultrice en Bretagne. Rien ne semble pouvoir l’arrêter : ni les lourdeurs administratives, ni le sexisme ambiant, ni les tracteurs récalcitrants, ni même les caprices du climat. Dix ans plus tard, elle partage sa vie avec Seydou, un jeune Sénégalais, mais les frontières dressent des obstacles supplémentaires. Ensemble, ils vont devoir se battre pour faire triompher leur amour et leurs rêves.
Chapitre 1 : “Anaïs s’en va en guerre
Le premier chapitre, Anaïs s’en va en guerre, nous plonge dans la jeunesse et la détermination sans faille d’Anaïs. Née en 1987 et ayant grandi en Bretagne, Anaïs décide, après une année en faculté d’histoire, de partir seule en Inde pour un voyage initiatique. À son retour, elle se forme à l’herboristerie et, en 2012, s’installe dans la petite commune de Sains pour y lancer son entreprise de plantes aromatiques.
Ce segment du film expose avec justesse les défis qu’une jeune femme indépendante et passionnée rencontre dans un milieu agricole encore marqué par des préjugés sexistes. Marion Gervais dresse ici le portrait d’une femme au caractère bien trempé, réfractaire à tout compromis avec une société qu’elle critique ouvertement. Anaïs, infatigable travailleuse, refuse de s’enfermer dans une routine aliénante : “ni travailler à l’usine, ni pour des cons”, dit-elle avec franchise. Elle choisit le labeur pour elle-même, fidèle à ses idéaux et à sa passion.
Toutefois, les embûches sont nombreuses. Comment se détacher de la précarité tout en restant fidèle à ses valeurs ? Le film montre une Anaïs tiraillée entre son désir d’indépendance et les réalités économiques qui l’obligent à s’ouvrir à des compromis. On découvre une femme à la fois dure à la tâche et profondément attachante, grâce au regard bienveillant de la réalisatrice, qui sait capturer la vulnérabilité derrière l’armure.
“Chapitre 2 : “Anaïs s’en va aimer”
Dans le second chapitre, intitulé Anaïs s’en va aimer, la protagoniste a évolué. Elle a désormais mûri, et ses aspirations personnelles prennent le pas sur son seul engagement professionnel. Si sa passion pour l’herboristerie reste intacte, Anaïs rencontre Seydou et tombe amoureuse. Ensemble, ils rêvent de construire une vie à deux, et pourquoi pas, de fonder une famille.
Cependant, l’amour entre une Française et un Sénégalais se heurte à une réalité bien plus complexe. Les lourdeurs administratives, les préjugés raciaux et le parcours du combattant que représente l’obtention d’un droit de séjour en France deviennent des obstacles insurmontables. Ce chapitre explore avec sensibilité la manière dont Anaïs et Seydou luttent contre un système qui les met à l’épreuve. Marion Gervais capte avec délicatesse la transformation d’Anaïs en une femme encore plus déterminée, mais cette fois-ci, portée par une force nouvelle : celle de l’amour.
Notre avis ?
Marion Gervais signe ici un documentaire d’une grande humanité. Sa caméra, discrète et complice, accompagne Anaïs dans ses combats sans jamais la trahir ni l’envahir. Elle laisse émerger l’intime avec une tendresse rare, offrant ainsi au spectateur une plongée empathique dans la vie de cette femme hors du commun.
La force du film réside dans cette alliance entre une réalisatrice bienveillante et une héroïne farouche, aussi attachante que rebelle. Ensemble, elles composent un tableau à la fois intime et universel, où se mêlent les thématiques de l’indépendance, du travail, de l’amour et du combat contre les conventions sociales.
En savoir plus :
Date de sortie France : 11 septembre 2024
Distribution France : La Vingt-cinquième Heure
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Claude Versein
Rédacteur / Editor chez Bulles de Culture
Ne dis-t'on pas que le bonheur ne vaut que s'il est partagé ? En écrivant dans Bulles de Culture, je suis un défenseur du spectacle vivant. Qu'il s'agisse d'une œuvre tragique, dramatique ou comique, chaque représentation est un moment chargé d'émotion qui sort de l'ordinaire.
C'est aussi un moment partagé avec des gens "vivants" sur scène, qui réagissent, et vivent une expérience avec le public. Ce sont de vraies gens.
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